11 octobre

Les jours de pluie qui se sont suivis et l'impression de lutter toute la journée sans répit contre le froid et l'humidité ont de nouveau mis le moral de Caroline à mal. Cela fait plusieurs jours que nous n'avons pas pris de douche ni lavé notre linge, et nous aimerions un peu de confort pour ce soir pour pouvoir se laver et bien dormir. Mais de nouveau cela semble compliqué de trouver un gîte qui accepte les chiens. Caroline vit mal ces refus quasi systématiques, et aujourd'hui c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Le moral est au plus bas, les larmes ne sont pas loin.

À midi, alors que nous trouvons une aire de repos où nous pouvons préparer notre repas, Lounis essaie de discuter avec elle. Cette fois les larmes coulent ; Caroline se sent vraiment découragée et elle se demande si elle ne veut pas arrêter le chemin.

Plusieurs pèlerins passent, l'air pressés, et nous leur en voulons presque d'être là, ne souhaitant pas partager ce moment difficile. Et puis un pèlerin s'approche lentement, et demande si tout se passe bien. La conversation s'engage à travers les larmes, et peu à peu nous faisons connaissance. Lionel est belge, et comme nous, il va jusqu'à Conques aujourd'hui. Il finit par reprendre la route, mais cet échange a fait du bien : le moral remonte un peu.

Nous arrivons à Conques en cours d'après-midi, et nous sommes frappés par la beauté de ce petit village niché en pleine colline. Nous décidons de nous rendre à l'accueil proposé par l'abbaye Sainte-Foy : on nous informe que les chiens sont acceptés dans un chenil. Nous sommes sceptiques : Diksy, que nous avons adopté à la SPA, a été abandonné deux fois et il vit mal toute séparation, pensant qu'il est de nouveau abandonné. Nous décidons tout de même d'aller voir le chenil : il s'agit d'une niche pourvue de paille, dans un petit enclos enherbé et grillagé. Caroline est si fatiguée et a tellement envie de prendre une douche que Lounis décide de tester. Il découvre qu'en laissant la laisse et les sacoches dans l'enclos, Diksy vit très bien ce moment de séparation. Voilà un immense soulagement : nous allons pouvoir nous reposer et nous ressourcer.

Nous profitons de cette escale pour acheter le topo guide de la variante de Rocamadour, que nous souhaitons prendre après Figeac. Caroline se rend à la librairie, tenue par un prêtre de l'abbaye. Il engage la conversation, et elle lui confie ses difficultés. Il lui propose alors de participer aux Vêpres : la simplicité et l'humanité dont il fait preuve touchent Caroline, qui décide d'assister à l'office.

Elle y retrouve Lionel, et se sent effectivement apaisée par les chants des moines. Au réfectoire, nous faisons également connaissance avec Joseph, du Pas-de-Calais, qui marche depuis le Puy sans argent, et de Sam, québécois venu faire le chemin. Nous partageons nos expériences et les anecdotes du chemin, et nous trouvons du réconfort dans ce temps d'échange.

Nous décidons d'aller assister aux Complies ensemble, puis à la bénédiction des pèlerins. Très touchante celle-ci se termine par la présentation de chaque pèlerin, et un moine qui entonne Ultreia, accompagné par les pèlerins.

La bénédiction est suivie par un magnifique concert d'orgue, et une déambulation dans les étages de la cathédrale, sous les vitraux de Pierre Soulages. Nous sommes vivement impressionnés par ces instants presque surréalistes... Enfin, le tympan surplombant la grande porte d'entrée est illuminé et coloré comme il l'était à l'origine, et un moine délivre une explication des bas-reliefs.

La soirée se termine vers 22h30 et nous rentrons tous nous coucher au dortoir avec l'impression que les difficultés et les obstacles que nous avons rencontrés le long du chemin prennent un sens...