25 septembre

Nous sommes en train de replier les tentes lorsque Daniel, notre ange gardien de la veille, nous apporte de nouveau un litre de lait chaud, qui arrive tout juste de la traite. Nous profitons de ce présent pour faire un petit déjeuner de luxe, à base de lait chaud à la reine des prés et au miel.

Le ciel est toujours menaçant, et par précaution nous enfilons nos guêtres de pluie avant de commencer à marcher. Nous admirons les couleurs du paysage volcanique, qui sont sublimées par la lumière de l'équinoxe : la terre grenat des champs labourés, le vert bleuté des pâtures et les tons violacés des nuages nous donnent l'impression de faire partie d'un tableau de Paul Gauguin.

Nous passons Montbonnet, puis montons au lac de l'œuf avant de commencer à redescendre dans les gorges de l'Allier. Chemin faisant nous rencontrons nos trois amis allemands de la veille, Lothar, Ulrich et Hans-Peter, ainsi que plusieurs pèlerins partis le même jour que nous du Puy.

Après un pique-nique à Saint-Privat-d'Allier, nous montons jusqu'à Rochegude, où nous nous délectons de la vue sur les gorges de l'Allier et de la visite de la petite chapelle située au sommet d'un rocher. Puis nous amorçons la redescente sur Monistrol-d'Allier, tout au fond des gorges.

Nous sommes inquiets car nous arrivons à la fin des réserves de croquettes pour Diksy et les rares ravitaillements annoncés sur le topo-guide se révèlent être des boulangeries avec un coin épicerie. Nous considérons partager la portion de lardons achetée pour préparer les lentilles données par Cyril, lorsque nous apprenons qu'à Saugues nous trouverons un carrefour Market (alors que le guide ne montre pas de ravitaillement dans cette ville). Nous voilà rassurés, car nous passons à Saugues le lendemain.

Nous nous arrêtons donc à Monistrol-d'Allier pour le bivouac, où nous prenons un verre au "Repos du pèlerin", un gîte et chambre d'hôtes fort sympathique, qui fait aussi bar et propose de la restauration, des pique-niques à emporter et un petit peu d'épicerie. Nous y retrouvons tous les marcheurs croisés dans la journée, avec qui nous discutons de manière fort agréable. Nous réalisons qu'une communauté se crée peu à peu, avec des liens amicaux et une certaine bienveillance, loin de l'esprit que nous avons expérimenté dans les gîtes sur la Via Gebennensis.

Puis nous descendons tout au bord de l'Allier afin de bivouaquer, sous les gouttes d'une petite averse de fin de journée.


Si vous désirez en savoir plus sur le voyage intérieur du Camino, retrouvez les articles de Caroline ici : https://carolinecalendula.blog/