29 octobre

Nous nous réveillons la bouche sèche et Caroline a un début de mal de tête. Elle donnerait cher pour un verre d'eau ou même (et surtout !) un thé chaud, mais rien de cela n'est envisageable, car nous n'avons plus une seule goutte d'eau avec nous. Montfaucon est encore à 6 km, et il n'y aura manifestement pas de fontaine avant : nous partons sans boire et sans prendre de petit-déjeuner.

L'ambiance est toujours tendue, et nous décidons de marcher seuls, et de nous retrouver à Labastide Murat pour le déjeuner.

Lounis trouve un joli coin au bord d'un étang en cours de matinée, parfait pour déjeuner. Caroline fait halte à Montfaucon où elle se rend à la mairie pour demander où trouver de l'eau. La secrétaire de mairie a aussi fait le pèlerinage : elle propose l'eau de la mairie, et engage la conversation au sujet du chemin de Compostelle.

Caroline rejoint ensuite Lounis au plan d'eau : il y a un barbecue, ce qui permet d'économiser le gaz. En effet, cela fait des jours que nous cherchons une recharge sans succès, et nous craignons d'être bientôt à court de gaz. Profitant donc de la possibilité de faire un feu, nous préparons des châtaignes à la mauve, une association idéale, dont nous nous délectons.

La conversation s'engage : Lounis a peur d'arriver "trop tard" à Compostelle et s'inquiète des conditions météo de moins en moins favorables. Caroline ne veut pas retrouver la pression de la "vie quotidienne" et a besoin que l'on respecte ses limites physiques. Après une bonne heure d'échanges, nous arrivons à éclaircir nos ressentis et nos attentes, et la situation s'apaise peu à peu.

Sous un magnifique soleil d'automne, nous reprenons la marche jusqu'à Labastide Murat, où nous nous arrêtons dans un café pour que Lounis puisse recharger son téléphone. Alors que nous entrons dans le village, une voiture s'arrête pour faire la conversation : il s'agit de deux pèlerins, qui ont fait le chemin de nombreuses fois. "Le plus beau reste à venir", nous dit le conducteur, presque en réponse aux journées difficiles que nous venons de vivre. A Caroline, qui lui dit que la plupart des gens considèrent que Le Puy - Conques est la plus belle partie du chemin, il répond : "Le touriste visite ; le pèlerin est visité !". Nous sommes médusés par l'à-propos de ces paroles...

Un petit peu plus loin, nous sommes hélés par un monsieur qui nous dit être un vieux routard, et avoir entre autres fait Labastide-Lourdes à pieds. Nous échangeons un peu, puis reprenons notre route sur un "Dieu vous bénisse, les enfants !". Quelques minutes plus tard nous arrivons au café, où nous sommes interrogés de tous côtés sur notre aventure. Toute la terrasse participe à la conversation, dont un jeune motard en train de faire le tour de France en moto : ses yeux brillent à l'évocation du chemin. Lui-même est passé au Puy 3 jours plus tôt... Si nous avions des doutes sur notre chemin et son sens, voilà 3 rencontres successives qui nous aident à retrouver le fil !

Nous reprenons la marche le coeur plus léger, en longeant deux beaux vallons dans la douceur de cette belle fin d'après-midi. Lorsque le soleil commence à décliner, nous établissons le bivouac sur le Causse : du bois sec, chauffé par le soleil de la journée nous permet de facilement préparer un feu de camp. Nous y cuisinons des lentilles et du riz, et en dessert une crème de marrons préparée avec nos châtaignes et un peu de sucre Rappadura que nous transportons avec nous... une belle manière de clore cette journée !


Merci à Alex (Tordalk, Solutions Informatiques Exotiques) pour le tracé sur la carte et les traces Ayvri en 3D :)