30 octobre

Ce matin nous nous réveillons dans le brouillard : tout est recouvert de centaines de petites gouttelettes, y compris les toiles d'araignées alentour, qui s'imposent au regard et donnent au paysage un air fantastique, digne d'Halloween.

De nouveau nous avons peu d'eau, et ne sommes pas sûrs d'en trouver à Cras, à 4 km du campement. Les parents de Caroline ont justement prévu de nous rejoindre à Cras, pour marcher une petite heure avec nous. Ils nous apportent un bidon d'eau et un thermos d'eau chaude : quel bonheur !

Nous cheminons quelques kilomètres ensemble dans la brume, avant de se séparer, avec l'espoir de peut-être se retrouver pour les fêtes de fin d'année, en Espagne.

Puis nous continuons tous trois sur le chemin, qui suit aujourd'hui le Vers, une rivière qui se jette dans le Lot. Nous passons ainsi l'essentiel de la journée au fond d'une vallée, entre d'impressionnantes falaises de roche grise. Il y fait humide, et toutes les bases des troncs des arbres sont complètement recouvertes d'une épaisse mousse, ce qui donne aux forêts une atmosphère inhabituelle, parfois plutôt magique, parfois presque inquiétante.

L'après-midi est déjà bien avancé, lorsqu'une dame sort de chez elle pour nous demander si nous avons assez d'eau, puis si nous voulons nous arrêter quelques instants pour boire un coup, et enfin elle nous propose de nous héberger gratuitement dans le gîte qu'elle est en train de terminer. Nous avons besoin de recharger le téléphone de Lounis, qui est entièrement déchargé et n'enregistre plus la trace GPS, de plus les prévisions météorologiques prévoient beaucoup de pluie dans la nuit : en prenant ces éléments en considération et devant la spontanéité de cette offre, nous décidons d'accepter et de nous arrêter là pour la journée.

Francine, notre hôtesse, nous montre les lieux, aménagés avec beaucoup de goût. Puis elle nous convie à boire ensemble, "du rosé", nous dit elle, car c'est "tout ce qu'elle boit". Nous pensons qu'il s'agit d'une boutade, à prendre au 2e degré, et nous acceptons en riant. Mais au fur et à mesure que l'après-midi et la soirée avancent, nous réalisons que cette déclaration était à comprendre au sens littéral. Nous comprenons peu à peu que Francine est déjà bien éméchée... passant des larmes au rire, répétant ce qu'elle a dit plus tôt, ou affirmant le contraire de ce qu'elle vient de dire. Verre de rosé après verre de rosé, la soirée avance, et nous sommes de plus en plus mal à l'aise devant l'état de notre hôtesse, et les signes évidents d'une grande souffrance intérieure. La situation est d'autant plus délicate que l'alcool (ou sa nature ?) la rend hyper sensible, et qu'elle semble facilement interpréter les événements comme des attaques personnelles, ce qui provoque colère et cris.

Nous comprenons qu'elle aimerait que nous nous arrêtions un, voire plusieurs jours chez elle, et qu'elle fait des projets en fonction de ce souhait : de notre côté nous aimerions être à Cahors le lendemain à la mi-journée pour pouvoir faire des courses avant le 1er novembre ; de plus l'état alcoolisé de Francine, et son attitude parfois inquiétante ne nous donnent vraiment pas envie de rester... Lorsqu'elle part finalement se coucher sans vraiment nous prévenir, nous nous retirons dans le gîte. Nous ne sommes pas rassurés, craignant que dans la nuit, un nouveau motif de colère la décide à faire irruption dans le gîte. Avant de nous coucher, nous décidons de nous lever très tôt le lendemain, pour partir au petit matin et éviter tout nouvel incident...


Pour nous soutenir tout au long de ce périple, vous pouvez participer à la cagnotte en ligne : https://www.onparticipe.fr/cagnottes/s2TD68Ez