9 novembre

Ce matin nous nous permettons une grasse matinée : nous avons en effet décidé de faire une journée de pause chez Catherine, pour faire le tour des solutions qui s'offrent à nous, et prendre une décision.

Nous sommes d'accord qu'il n'est plus possible de dormir dehors : il y a tellement de boue que nous ne pouvons plus planter les tentes, et il fait si froid qu'il n'est plus envisageable de ne pas être abrités. Bien que cela aille à l'encontre de l'esprit dans lequel nous aimerions faire le chemin, nous décidons de planifier les prochaines étapes : nous sommes à environ 220 km de la frontière espagnole, ce qui représente environ 11 jours de marche. Les prévisions météorologiques annoncent de la pluie sur toute la période, et de la neige en Espagne ; les cols pyrénéens sont fermés pour cause de neige. Si nous voulons atteindre la frontière, notre seule option reste de pouvoir dormir en gîte tous les soirs.

Armés de notre Miam-miam-dodo, nous passons en revue chacune des étapes, à la recherche d'un gîte encore ouvert, et qui accepte les chiens ; de son côté, Catherine passe appel téléphonique sur appel téléphonique, pour solliciter son réseau. Au final il reste 4 étapes pour lesquelles nous ne trouvons aucun hébergement. En attendant de trouver une solution pour ces 4 nuits, nous contactons les gîtes repérés, pour nous assurer qu'ils sont bien ouverts. C'est alors que nous sommes alertés par les hébergeurs des Landes sur les conditions, pires que ce que nous imaginions : ils nous décrivent des rivières prêtes à déborder, des routes barrées à cause des arbres tombés, des sentiers impraticables... Nous avons déjà eu l'occasion d'éprouver la vulnérabilité du randonneur, et nous n'avons vraiment pas envie de nous retrouver dans un environnement où les arbres se déracinent, où l'eau peut à tout moment tout envahir, d'autant que rien ne semble laisser espérer une amélioration.

Cela fait des heures que nous essayons de trouver un moyen de continuer malgré les conditions très défavorables, mais maintenant cela ressemble plus à de l'acharnement et à de l'inconscience...

Savoir renoncer, changer ses projets en cours de route, mettre son orgueil de côté, écouter les signes : voilà ce que le chemin nous demande désormais.