Avant de reprendre la route ce matin, nous aimerions visiter Rocamadour. Nous nous accordons donc la matinée, pour passer du temps dans les différentes chapelles, l'église St Sauveur et pour aller voir Notre Dame de Rocamadour. Puis nous empruntons le calvaire pour monter au château et admirer la vue du haut de la petite cité. Le tout est magnifique, mais aussi très bruyant, du fait des nombreux touristes qu'il y a encore en cette saison et l'ambiance finit par nous décevoir. Nous avons l'impression que les lieux sont réservés aux touristes, et nous nous remémorons avec nostalgie l''accueil que Conques réserve aux pèlerins : nous aurions aimé retrouver la même ambiance dans ce haut-lieu de pèlerinage... qui ne semble l'être plus que sur les panneaux d'information. Nous avons d'ailleurs été refusés à l'accueil chrétien pour cause de chien, et ce matin, nous sommes vraisemblablement les deux seuls pèlerins dans la ville.

Avant de repartir, nous faisons une pause pour manger un bout dans une brasserie : la propriétaire des lieux nous accueille avec professionnalisme, mais la cliente de la table juste à côté de la nôtre se plaint en déclarant qu'elle ne va "certainement pas manger à côté de ça" - "ça" étant Diksy. Nous changeons de place en essayant de ne pas focaliser notre attention sur ce genre de comportement... Finalement, lorsque nous quittons la cité, nous sommes vraiment heureux de retrouver le calme et les grands espaces du Causse ! Nous marchons plusieurs heures, savourant le silence et la nature qui nous entoure, mais bientôt inquiets, car l'absence de villages et de hameaux veut aussi dire que nous ne trouvons plus d'eau.

Après Rocamadour, nous avons prévu de faire un petit crochet en allant rendre visite aux parents de Caroline, qui habitent au Vigan, à environ 25 km de Rocamadour, et sur la voie de Compostelle qui passe par Gourdon et La Romieu. Toutefois, nous ne souhaitons pas prendre cette voie jusqu'au bout, car elle ne passe pas par Cahors : nous avons donc demandé aux parents de Caroline s'ils pourront nous ramener à Rocamadour à l'issue de notre séjour. Pour l'heure, nous pensons qu'il nous faudra 2 petites journées de marche pour atteindre leur maison. A environ 18 h, après avoir traversé l'A20, nous nous rendons cependant compte qu'il ne nous reste plus qu'une dizaine de kilomètres jusqu'au Vigan. Nous n'avons plus d'eau, la pluie menace et nous pensons que plutôt que de chercher de l'eau et monter un bivouac sous la pluie, nous pouvons faire ces dix kilomètres dans la soirée.

Sitôt la décision prise, le ciel s'ouvre : pendant les heures qui suivent, il pleut sans discontinuer... La nuit tombe aux alentours de 19 h, et nous progressons lentement dans l'obscurité, sous la pluie battante, sur les chemins de forêt où nous cherchons les balises, à la faible lueur de nos frontales. Malgré nos capes de pluie nous sommes peu à peu trempés, mais loin de nous décourager, nous pensons à la soirée à l'abri qui nous attend, et aux lits chauds dans lesquels nous pourrons passer la nuit. Diksy se demande ce qu'il se passe : en général il n'aime pas vraiment marcher la nuit, mais aujourd'hui, entre la nuit et la pluie, il commence à trouver que cette aventure tourne franchement mal ! Nous l'encourageons au mieux, le félicitant et le caressant : fidèle compagnon, il nous suit et nous fait confiance. Enfin, juste après 21h, nous atteignons la maison des parents de Caroline, fatigués, bien mouillés, mais heureux. Nous savourons les retrouvailles et la chaleur d'un foyer, et défaisons nos sacs pour quelques jours de pause.