5 novembre

Nous commençons la matinée par 5 bons kilomètres de route sous la pluie, pour rejoindre le chemin à Montcuq. Mais aujourd'hui, ce qui change tout, c'est que nous portons nos surpantalons étanches ! Nous savourons le plaisir de marcher sous la pluie sans plus ressentir le pantalon qui se mouille peu à peu malgré la cape, puis se trempe, puis se colle entièrement aux jambes ; nous nous extasions même de ne plus avoir à nous soucier du tout de nos pantalons !

A Montcuq, il pleut tellement que nous renonçons à visiter la ville, à notre grand regret, car elle semble particulièrement jolie. Nous reprenons la marche dans les chemins boueux, et nos capes de pluie se transforment en étuve à chaque fois que nous montons une côte. Mais nous sommes tellement satisfaits de nos surpantalons que rien n'entame notre bonne humeur.

Alors que la matinée touche à sa fin, nous rencontrons un autre pèlerin, avec qui nous continuons notre route. Tout en marchant, nous discutons et faisons connaissance : Gaspard a 25 ans, il vient de la région parisienne, où il vient de terminer de brillantes études dans le commerce et la finance. Très croyant, il chemine depuis le Puy sans argent, jusqu'à St Jean Pied de Port, car il a déjà fait la partie espagnole du chemin. Il aimerait maintenant savoir quoi faire de tout ce qu'il a appris tout au long de ses études, et comment mettre tout ce savoir au service de la construction d'une société eco-responsable -un sujet qui lui tient particulièrement à coeur.

Tout en discutant, nous atteignons une ferme qui met un hangar à disposition des pèlerins, avec table et chaises et un coin "café" en donativo. Nous sommes enchantés de cette initiative, qui nous permet de déjeuner à l'abri de la pluie. En plus du thé et du café, il y a des tomates et des pommes, qui viennent compléter nos pique-niques. Alors que nous sommes sur le point de repartir, le propriétaire des lieux, nommé Jacques, vient papoter avec nous quelques minutes : maintenant retraité, il cultivait auparavant ail, oignons et échalottes. Gaspard le questionne sur la relation agriculteur-consommateur et sur l'attitude des grandes surfaces, et Jacques nous dit qu'il a réussi à s'en sortir parce qu'il a toujours refusé les intermédiaires et vendu directement aux clients, dans un rayon de 30 km autour de chez lui.

Le soleil fait une timide apparition, et nous reprenons la route, en compagnie de Gaspard : celui-ci a aussi passé du temps à Figeac et a aidé dans le bâtiment où Caroline a donné un coup de main pour peindre un plafond. Il nous donne des nouvelles du Père Guillaume et des paroissiens avec qui nous avons discuté, et nous avoue avoir failli rester à Figeac.

Tout absorbés à nos conversations, nous ne voyons ni le temps ni les kilomètres passer et nous voici déjà à Lauzerte. Gaspard a un contact chez qui il peut peut-être dormir, et de notre côté nous avons quelques courses à faire. Nous nous séparons, en espérant nous revoir sur le chemin.

Alors que nous terminons nos achats, nous apercevons soudainement Jacques venir vers nous en nous disant "Vous avez le cul bordé de nouilles !". En partant de chez lui, Lounis avait en effet oublié la télécommande du collier électrique de Diksy. Nous ayant entendu mentionner notre projet d'aller faire quelques courses, Jacques a pris sa voiture pour aller jusqu'à Lauzerte et tenter de nous trouver ! Nous sommes remplis de gratitude, d'autant que nous pensions que la télécommande était tombée sur le chemin et qu'il allait falloir racheter un collier électrique...

Il nous faut maintenant trouver un endroit pour dormir au sec, car les prévisions météorologiques annoncent beaucoup de pluie pour la soirée. Le gîte communal étant fermé, nous sommes orientés vers un gîte qui a ouvert cette année : L'abeille Lulu. Nicole, propriétaire du gîte, nous accueille avec Diksy, à notre grand soulagement. En effet, à peine reprenons-nous la route pour nous rendre au gîte que la pluie redouble d'intensité et tombe si fort qu'elle fait des bulles sur le goudron (nous continuons de nous extasier en observant que malgré la pluie battante, nos pantalons sont secs !).

Nicole rénove une très grande maison ancienne, avec beaucoup d'amour, et le gîte est si chaleureux que nous avons l'impression d'être reçus dans une maison. Elle est aux petits soins pour nous et nous prépare boissons chaudes et crêpes, pour que nous puissions nous réchauffer après cette journée sous la pluie. Nous nous laissons aller au bonheur d'être au chaud et au sec, avant de préparer notre dîner, avec la dernière part du butternut que nous avions trouvé au bord du chemin une semaine plus tôt !